Maha Zaou, un modèle de féminité.
Dans les backstages d’un Fashion-Event, les longues jambes sont légion. Les tailles de guêpe, on en trouve à profusion. La cellulite et autres désagréments dont nous souffrons nous autres pauvres « humaines » n’ont pas droit de cité. C’est à croire que les mannequins sont une ethnie à part… surtout que ces jeunes filles dépassent toutes les 170 cm et qu’elles n’ont pour la plupart, qu’une vingtaine d’années voire moins. Sauf Maha Zaou ! Du haut de ses rondeurs vertigineuses, de son regard de braise et de sa féminité assumée, la jeune femme se démarque au beau milieu de ces silhouettes longilignes et de leurs regards de post-adolescentes. Elle, c’est une femme. Une vraie. Et le caftan, elle le porte avec majesté. Entretien avec une exception à la règle.
Vous êtes hollandaise de racines marocaines. Qu’est-ce qui vous a amenée à participer à cette édition de la Fashion Days Maroc ?
Tout d’abord, bien que je sois née et même si j’ai grandi en Hollande, je suis très attachée à mes origines marocaines. En me présentant, je dis carrément que je suis Marrakchie, la ville ocre étant celle de mon père. Ensuite, le caftan m’a toujours fascinée. Vous savez, lorsque vous êtes une enfant de résidents marocains à l’étranger, quel que soit votre degré d’intégration dans votre « pays d’adoption », vous ressentez toujours ce penchant pour tout ce qui fait la culture et l’identité marocaines. Dans mon cas, j’ai appris qu’on organisait cet évènement. J’ai pris contact avec le staff ici au Maroc. Je me suis proposée comme modèle mais on m’a répondu que le budget de cette année ne permettait pas de prendre en charge mon transport. J’ai donc pris un billet d’avion et je suis là. Je pense pouvoir, à mon petit niveau, apporter, à la mode marocaine, un éclat au-delà des frontières.
Vous êtes non seulement volontaire mais vous vous distinguez des autres mannequins d’abord, par votre vécu, mais aussi par votre âge…
En effet, j’ai 33 ans et je suis loin de répondre aux standards de beauté des mannequins. J’ai des courbes de femme et j’occupe un poste de responsabilité dans le département Marketing d’une grande boîte hollandaise. Le mannequinat n’est pas mon métier principal mais j’ai déjà participé à un tas de défilés prestigieux. J’ai aussi fait la couverture de plusieurs magazines de mode hollandais. Au départ, j’étais mannequin « Large size » puisque je pesais plus de 90 kilos. Puis, ensuite, lorsque j’ai maigri, je suis devenue très sollicitée parce que j’étais mince tout en ayant des courbes féminines… ce qui change des modèles que l’on trouve à l’étranger.
Justement, pourriez-vous nous raconter un peu les circonstances de votre transformation?
En fait, j’ai un passif assez lourd que je n’ai pas peur de sortir des tiroirs les plus enfuis de ma mémoire car cela m’a permis de grandir. J’ai fait une énorme dépression suite au décès de ma mère il y a quelques années de cela. Le chagrin m’a rendue obèse car c’est dans la nourriture que j’allais chercher un peu de réconfort. Il faut dire qu’à la base, mes sœurs et moi étions plutôt rondes. Ensuite, il y a eu tout ce mépris que j’ai commencé à éprouver pour moi-même à la vue de ce tas de chair que j’étais devenue. La quête de l’estime de moi-même a pris un long chemin au bout duquel je me suis retrouvée dans une salle d’opérations. J’ai dû subir une intervention visant à rétrécir le col de mon estomac afin de diminuer mes envies d’engloutir n’importe quoi. Cela a été douloureux mais aujourd’hui, je me félicite pour cette courageuse décision. Elle m’a permis de reprendre confiance en moi et de défiler sur les plus beaux podiums du monde.
Photos de Driss Ben Malek pour Chicadresse.ma
Interviews réalisées par Asmaa Chaidi