Faut-il le présenter encore ? Vanter le succès de Karim Tassi serait un pléonasme. Son style parle de lui-même et ce n’est pas un hasard si cet originaire de Casablanca est devenu en 2000 déjà, Membre de la Chambre Syndicale de prêt-à-porter, des couturiers et des créateurs de mode française. Ses collections s’inspirent de son Maroc natal tout en versant dans des horizons lointains. Entre un essayage et l’autre, petite interview avec l’un des Marocains qui ont conquis la mode internationale.
Parlez-nous de votre univers de votre collection…
Et bien, finalement, l’univers de cette collection est « no color ». J’ai fait des pièces avec essentiellement, du marine et du gris, complètement à l’opposé des couleurs… il y a un peu de paillettes effectivement et on est dans un esprit assez rétro, un peu masculin, un peu dans l’esprit Orient mais en réalisant ces articles, j’ai imaginé un certain New York. Donc, ce sont des bétons gris, bleu-marine que j’ai retranscrits là. C’est un univers très urbanisé avec toutefois quelques dérogations : j’essaie de trancher le Seroual à paillettes par exemple avec le haut en Sweet-Shirt. J’ai réalisé des petites robes cache-cœur qui peuvent en même temps être portées comme des blouses. On est dans l’hiver… l’hiver prochain !
Quel est votre ornement de prédilection ?
En fait, dans toutes mes collections, on retrouve souvent tout ce qui est Sfifa travaillée de manière différente bien entendu. Je suis assez fidèle. J’ai deux Sfifa avec lesquelles je travaille toujours. Et j’utilise beaucoup les cabochons que fabriquent les berbères dans le sud du Maroc. Les miens sont trempés dans de l’or blanc ou de l’or jaune et je les pose sur les ceintures, sur les ganses… J’aime beaucoup l’idée du travail du bijou sur le vêtement.
Comment imaginez-vous une mariée idéale ?
J’adore le blanc cassé. J’aime beaucoup les robes assez fluides. Donc, elle portera certainement un tissu clair et léger. En fait, j’ai déjà fait des robes de mariée. Ce qui est très intéressant dans cet exercice, c’est de construire cette robe avec la mariée elle-même. Elle peut raconter l’histoire de sa rencontre avec son mari, comment elle s’imagine recevoir ses invités et à partir de là, on peut construire tout un univers autour de cette robe. Je me rappelle avoir réalisé une robe pour une amie et à la fin de la soirée, on a donné une paire de ciseaux à chaque invité pour qu’il coupe un morceau de la robe et reparte avec. C’était sublime. La mariée s’est offerte à tous ses invités. J’aime ces anecdotes autour de la mariée.
On vous sait anticonformiste. Les tendances sont les vôtres, mais on aimerait tout de même que vous nous parliez un peu de l’orientation que prend la mode cette saison…
Aujourd’hui, nous sommes dans une ère où la femme a le choix. Elle peut s’habiller comme elle veut. La presse crée une espèce d’engouement autour de certains styles et un non pas un seul. Il est vrai que nous vivons une ouverture de discours tellement large sur la planète… Du Moyen-Orient à l’Amérique latine en passant par l’Afrique… qu’au final, on se retrouve avec toutes les tendances.
Un dernier mot ?
La mode est un métier passionnant. Elle me fait toujours découvrir des gens extraordinaires. On est poussé vers l’avant. On est toujours en train de travailler dans le présent mais pour le futur, tout en se rappelant constamment des souvenirs du passé… Et c’est toujours très excitant.
Photos de Driss Ben Malek pour Chicadresse.ma
Interviews réalisées par Asmaa Chaidi