Si la France peut se targuer d’avoir créé le concept de « Haute Couture », au Maroc, nous en avons fait une tradition, notamment grâce au succès fulgurant du caftan et de son insensibilité aux fluctuations monétaires que connaît la terre depuis toujours. Le caftan, cet insaisissable objet du désir, prend les formes d’un bijou précieux dès lors que des mains de fée s’engagent corps et âme à le façonner des mois durant, à le parer de tous les ornements, jusqu’à ne plus vouloir le mettre en vente. L’édition de cette année de la Fashion Days nous a encore séduits par les créations haut de gamme de stylistes devenus désormais des habitués de ce « Festival », mais aussi en nous faisant découvrir des talents et non des moindres tels que Chadia Sebti. On se demande d’ailleurs où se cachait un tel génie !
« Les masques sont faits pour tomber… », assène d’emblée cette dame élancée aux allures d’une actrice italienne des années 1960, dès qu’on évoque les masques vénitiens qu’elle essaie de faire porter à ses mannequins quelques heures avant le défilé. Dans les coulisses, l’ambiance est plutôt hot et les silhouettes longilignes basculent d’un styliste à l’autre sans répit. Mais ce qui nous attire au milieu de cette orgie de toilettes luxueuses, c’est un caftan deux pièces entièrement incrusté de métaux or, cuivré et noir. Chadia Sebti ne fait pas dans la demi-mesure. Ses créations sont majestueuses, époustouflantes, faisant l’apologie d’une féminité tout droit sortie de l’époque de la Dolce Vita. Entrevue avec une grande dame.
Pourriez-vous nous parler un peu de votre univers ?
A la base, je suis juriste. Mais bien qu’étant lauréate de la faculté de droit, j’ai décidé de m’abandonner à ma passion : le caftan. Il faut dire aussi que le fait d’être issue d’une famille d’artistes et d’artisans m’y prédisposait largement. Mon père était artisan pendant son jeune âge et ma mère est une brodeuse de renommée. Ce penchant vers la haute couture traditionnelle, j’ai veillé à le travailler, à le développer, pour arriver à m’exprimer librement dans les remparts de mon style personnel. Je suis par ailleurs, contente de pouvoir montrer mes créateurs lors de la Fashion Days, bien que j’ai organisé pas mal de défilés depuis que j’ai commencé dans le milieu. C’est un fantasme qui se réalise. J’espère que ce n’est qu’un début…
Quel est le thème de votre collection ?
J’ai essayé d’aller au traditionnel au moderne. J’ai essayé de faire évoluer un peu le caftan, comme tous les jeunes stylistes. Certes, je fais partie de l’ancienne génération mais je tiens à apporter une petite touche moderne. Aussi, vous remarquerez que dans mes collections, il n’y a pas que le caftan, il y a aussi tous les accessoires que j’ai créés autour, notamment les ceintures en métal ciselé, les babouches en velours rebrodé et incrusté, les sacs mais aussi ce que vous avez relevé tout à l’heure : les masques ! c’est un show que j’ai voulu présenter ce soir.
Quels sont vos tissus, matières de prédilection ?
J’adore les tissus fluides. Les soies, mousselines, crêpes… c’est ce qu’il y a de mieux en été et c’est cette gamme là de tissus que j’aime retravailler. Et pour l’hiver, je trouve que les velours de soie sont des matières très nobles. Leurs couleurs sont très chatoyantes : pourpre, vert bouteille…
Comment voyez-vous la mariée de cette saison ?
Je l’imagine bien avec des tenues assez souples car généralement, elle a déjà du mal à porter des choses lourdes. Par conséquent, je pense qu’il vaudrait mieux alléger ses souffrances et lui faire porter des choses légères, douces et en même temps bien ornées, bien faites. Le tout réside dans la beauté et le raffinement de la création.
Votre Ch’hioua de Ramadan ?
Je n’ai pas de Ch’hioua précise. Avec les diktats des régimes aujourd’hui, nous les femmes préférons nous abstenir de plein de délices pour garder notre ligne. J’aime bien les Briouates aux amendes, en revanche. C’est mon pêché mignon. J’en prépare pour les autres mais je m’en prive comme je peux.
Un dernier mot pour le lectorat de Chicadresse ?
La femme marocaine est belle naturellement. Il faut lui faire rehausser cet atout avec des caftans de préférence, pas trop chargés, mais plutôt, raffinés et ornés de cristaux qui la mettent en valeur. Elle est déjà une perle. Il faut l’embellir avec des choses précieuses.
Photos de Driss Ben Malek pour Chicadresse.ma
Interviews réalisées par Asmaa Chaidi
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Bonjour CHADIA , commentvas tu. ?
Je suis houda el idrissi ton ex copinne d’adolescence, du temps du lycée fatim Zahra, soeur de youssef et du docteur jalal orl, habItant anfa à côté de notre es voisi et ami Amal el bouri , je voulais avoir de tes nouvelles, j’ai parcouru ton cite et je suis tombée sur ton adresse mail, Je voulais t’écrire ces quelques mots car j’ai eu la nostalgie du bon vieux temps et des moments passés ensemble, que de bons souvenirs, tu te rappelles, je n’ai pas tes contacts mais je te laisse comme même les miens au cas où ça te dit de me dire un petit mot : 06 14 91 70 62